par Shala       L'histoire que je vais vous raconter, aussi fantaisiste semble-t-elle, est entièrement vraie. Personne ne s'en souvient, car elle a été effacée de la mémoire des Hommes. Et pour cause, si l'humanité d'aujourd'hui apprenait ce qui s'est passé, ce serait toutes leurs croyances les plus profondes qui seraient remises en cause... Je serais incapable de vous situer cette histoire dans le temps, car j'ai cessé de compter les années depuis bien longtemps. Sachez juste que ça remonte à très loin. Durant des années, une guerre sans merci opposa deux camps. Le premier était constitué d'anges de toutes sortes, ainsi que d'humains entièrement dévoués à leur cause. Ce camp était celui du Paradis. Le second était constitué de démons, de morts-vivants et autres créatures ténèbreuses. Ce camp était celui de l'Enfer. Leur objectif à tous deux était simple, la suprématie sur Terre. Les Anges étaient puissants, et ils avaient un avantage certain: Les humains étaient de leur côté. Ces pauvres fous ne cherchaient pas plus loin que le bout de leur nez... Pour eux nul doute que les Anges étaient les gentils, et les Démons les méchants. Mais tout n'est pas noir ou blanc. Tout est gris... Le Paradis n'est pas plus bienveillant que l'Enfer, Il est tout aussi malsain, ce sont juste ses méthodes qui diffèrent... Le Paradis avait donc les humains dans son camp. Du moins une majorité de ceux qui sont en vie. Car l'Enfer de son côté, récoltait la plupart des morts pour en faire des soldats. Vidés de leur conscience et de leur mémoire, ils devenaient des Hellknights, des guerriers impitoyables obéissant aux doigt et à l'oeil. Et comme à l'époque, le taux de mortalité était bien plus important que celui de natalité, l'Enfer eut rapidement l'avantage du nombre... Cependant, l'Enfer ne pouvait pas faire débarquer ses troupes comme bon lui semblait, car sinon je ne serais pas là en train de vous écrire ses lignes, et vous ne seriez pas là non plus pour les lire... C'est donc là qu'intervient la minorité d'humains n'ayant pas rejoint le camp du Paradis, et que débute réellement mon histoire...   Une plaine, dans ce qui s'appelle aujourd'hui l'Allemagne. Des milliers d'humains sont postés en attente de l'ennemi, protégeant un château, celui de l'Ange le plus important de l'armée divine. Son nom, Gabriel. Sans doute l'être le plus puissant après Dieu lui-même. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'on lui a confié toutes les opérations sur Terre. Son pouvoir, associé à son esprit stratège font de lui l'être le plus redoutable du Paradis. En face, pas de signe de l'ennemi. Les humains commencent à s'impatienter, mais ont une confiance aveugle en Gabirel, leur sauveur. Bien à l'abri dans son château, il observe le futur champ de bataille. D'une voix chaude et rassurante, il s'adresse à ses troupes. - Mes enfants, aujourd'hui est un grand jour... Après cette bataille, nous aurons fait un pas de géant vers la victoire! Battons-nous pour la paix! Les humains crient leur future victoire en coeur, levant leurs armes vers leur leader, les yeux pleins de confiance... Un ange d'un niveau inférieur s'approche alors de Gabriel. - Monseigneur, vu la boucherie qui s'annonce, croyez-vous vraiment ce que vous dites? - Ces mortels ont fait de nous ce que nous sommes... Les représentants du... "Bien". Alors laissons-les y croire encore un peu. - Je vois... - Les renforts sont-ils prêts? - Oui, Deux centaines d'Anges mineurs prêts à passer à l'action lorsque vous en donnerez l'orde. - Parfait. Et pour ce qui est de la clé de notre victoire? - L'équipe est en place. - Excellent. Rejoignez votre poste, l'ennemi arrive... Sur une colline surplombant la plaine, une ombre apparaît lentement. On peut entendre le bruit lourd des sabots d'une monture massive, chevauchée par un être dissimulé derrière les ténèbres. Cette ombre laisse tomber son voile sombre, révélant ainsi l'être qui se cache derrière. On dirait un chevalier en armure, mais c'est en réalité bien plus que ça... Son nom est Reinhardt, et c'est un Communicant. Il fait partie des ces êtres humains qui servent l'Enfer avec détermination. Lui et les siens sont la clé entre ici et le Royaume des ténèbres. Grâce à leur pouvoir, ils peuvent ouvrir des portails immenses, permettant ainsi aux forces déchainées de l'Enfer de s'abbatre sur Terre pour livrer la guerre au Paradis. Cependant, Reinhardt n'est pas comme les autres. Théoriquement, les Communicants naissent avec leur pouvoir, grâce à un rite bien précis. Reinhardt lui n'est pas né Communicant. C'était un humain tout ce qu'il y a de plus normal, à ceci près qu'il a étudié la magie dans le monastère qui hébergeait et entraînait les jeunes Communicants à développer leurs pouvoirs... Jaloux de ne pas pouvoir être comme eux, il fit de son mieux pour être leur égal, grâce à la magie. Le jeune garçon développa certains talents, mais malheureusement, il était loin d'atteindre le niveau de pouvoir des Communicants. Mais sa persévérance finit malgré tout par payer, car quelqu'un l'avait remarqué. Ce quelqu'un n'était autre que Yassharath, le démon à l'origine du pouvoir des Communicants. Le talent inné du jeune homme n'avait pas échappé au démon, qui accepta de faire une exception et proposa un pacte à Reinhardt. Le jeune homme accepta directement, et c'est ainsi qu'il devint à son tour ce à quoi il a toujours aspiré, un Communicant... Ce que Yassharath ignorait, c'était à quel point les pouvoirs de Reinhardt allaient prendre de l'ampleur. En quelques années seulement, il dépassa tous les autres Communicants en terme de puissance. Et pas longtemps après, il fut logiquement désigné comme leur leader. C'est à partir de ce moment là que l'Enfer reprit du poil de la bête dans cette guerre. En plus d'être un monstre de puissance, Reinhardt était également un stratège redoutable. Il passa rapidement de simple leader des Communicants, à général des armées Infernales... Retour sur la bataille qui nous intéresse... Derrière Reinhardt apparaîssent quatre silouhettes. Ce sont eux aussi des Communicants, fidèles lieutenants de Reinhardt. - Ils sont nombreux... dit l'un d'entre eux - Mouais, tout est relatif... rétorque le second - Aucune importance... Nous allons les écraser comme les misérables insectes qu'ils sont... dit le troisième - La prudence reste tout de même de mise, nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise de la part des Anges... dit enfin le quatrième D'un geste qui coupe court à tout murmure, Reinhardt prend la parole. - Julius a raison, foncer tête baissée est le meilleur moyen de perdre une bataille... Et puis n'oubliez pas que notre objectif aujourd'hui est tout autre qu'un simple massacre d'humains aveuglés par la foi... Aujourd'hui, nous pouvons gagner la guerre, une bonne fois pour toutes... En éliminant Gabriel. - Quelle est votre stratégie général? - Nous allons commencer par encercler la plaine... Vous connaissez la technique. Ensuite, il faudra atteindre le château de Gabriel le plus rapidement possible. une fois à l'intérieur, je vous donnerai d'autres instructions... - (Tous en coeur) A vos ordres! Les quatre lieutenants se dispersent aux quatre coins de la plaine par téléportation. Chacun à un extrémité, nord-ouest, nord-est, ouest et est. Reinhardt plonge la main dans son ventre, et en extirpe une épée noire. Une flamme rouge vient s'allumer le long de la lame. Il tend ensuite sa main libre vers le ciel, et d'une voix résonnant dans toute la plaine, il crie: - A mon commandement, déchaînez l'Enfeeeer!!!!! Cinq immenses portails s'ouvrent lentement au dessus des Communicants, laissant apparaître des milliers de Hellknights, accompagnés de créatures plus hideuses les unes que les autres. Les humains savent à quoi s'attendre en affrontant des créatures de ce genre. Avant le combat ils se sont même dit qu'ils n'ont pas peur, mais ils ont tort. Ils tremblent de tout leur être, et les premières lignes de défense s'écroulent comme des châteaux de cartes. Membres arrachés, corps déchiquetés, têtes tranchées... C'est un spectacle des plus abominable qui s'offre aux hommes postés plus en arrière, qui voient leur mort arriver à grand pas. Ils voudraient fuir, mais la plupart d'entre eux sont paralysés par la peur... Une fois les troupes infernales en surnombre, les cinq Communicants referment leur portail respectif et foncent à leur tour sur le champ de bataille. Reinhardt ne prend même pas la peine d'arrêter sa course pour se débarasser des humains sur son chamin, sa monture s'en occupe pour lui et les écrasant avec ses lourds sabots dans un fracas d'os brisés, ou en les empalant avec sa grande corne. Il ne faut pas cinq minutes au général pour atteindre le portail du château. Mais l'endroit est bien gardé, et ce sont de grosses pierres enflammées qui viennent s'abbatre sur ceux qui s'approchent de trop près . Lorsqu'une de ces pierres se précipite sur Reinhardt, celui-ci lève son épée. La pierre vient se planter dessus et explose en mille morceaux, tuant quelques hommes au passage. Le général lève la tête et aperçoit les hommes qui lancent ces pierres à l'aide de catapultes. A travers l'obscurité masquant son visage, on peut apercevoir un sourire carnassier. Il se téléporte à leur niveau, transperce l'homme le plus proche de son épée et fait jaillir une gigantesque flamme rouge de sa main libre, calcinant immédiatement les hommes restants. A son aise, il descend les marches jusqu'au mécanisme du portail, tuant au passage tous les hommes qu'il croise sur sa route. Une fois le portail baissé, il aperçoit trois de ses lieutenants, prêts au combat... - Où est Julius? demande Reinhardt - On ne l'a pas vu, on s'est empressé de rejoindre le château selon vos instructions. - Soit. Il nous rejoindra plus tard. Très bien, on va chacun prendre un chemin différent. Le but est bien sûr d'atteindre Gabriel. Faites attention, nous ne connaissons pas ce château, les pièges y sont peut être nombreux. Et bien sûr pas la peine de vous dire qu'on ne risque pas de rencontrer que des humains ici... Méfiez vous des Anges. Allez, dispersion! Les quatre Communicants prennent chacun une portion du château. Reinhardt prend l'escalier central, et découvre à son grand désarroi l'immensité des lieux. Il est facile de s'y perdre, mais heureusement pour lui, son sens de l'orientation est bien aiguisé. L'apparition d'Anges mineurs sur son chemin lui indique qu'il est sans doute sur la bonne voie. Les Anges mineurs ont beau être bien plus forts que les humains, ils ne font tout de même pas le poids face à l'épée du général. Un simple contact avec sa lame suffit pour les faire tomber en cendres. Après plusieurs minutes de combat acharné, un Ange de niveau supérieur fait son apparition. On le distingue des autres Anges grâce à ses ailes, il en possède deux paires, alors que les Anges mineurs n'en ont qu'une. - Reinhardt, avant toi jamais un mortel n'avait causé tant de soucis à notre camp. - Ne m'appelle pas ainsi, c'est insultant. - C'est pourtant ce que tu es, un simple mortel... Peu importe ton apparence et ta puissance, tu ne reste qu'un humain. - Plus pour longtemps... - Ah oui? J'aimerais bien voir ça... Grâce à son fouet, l'Ange arrive à déposséder le général de son épée, l'envoyant se planter dans un recoin du plafond. - Sans ta précieuse épée, tu ne peux rien contre moi! - Vraiment? L'Ange fonce à pleine vitesse sur Reinhardt, mais celui-ci fait pousser de longues griffes le long de ses bras, s'enflammant du même feu rouge que son épée. Et d'un simple pivot, il tranche l'Ange en deux sur toute sa longueur. Le pauvre Ange n'a rien vu venir, et tombe en cendres tout comme les autres. Le général récupère ensuite son épée et continue sa route jusqu'à la salle du trône... Les lourdes portes de la salle du trône s'ouvrent finalement à Reinhardt. Gabriel est là, au fond de la salle, siégeant sur son trône. Les trois paires d'ailes qui ornent son dos subliment son charisme, et son regard inspire le respect, ou plutôt la crainte. - Voilà donc l'homme qui dirige les forces infernales d'une poigne de fer... Soit le bienvenu en ces lieux Reinhardt... - Gabriel... Tout s'arrête ici. - Tu as presque raison. C'est le début de la fin mon ami... Car aujourd'hui, j'ai pris une option sur la victoire finale. - Tu divagues, Gabriel. Aujourd'hui, tu vas mourir, de ma main... - Oh non je ne pense pas. Car contrairement à ce que tu imagines, j'ai gagné cette bataille. - Explique-toi. - Ne manquerait-il pas quelqu'un dans tes effectifs? - Qu'est ce que...? Julius... - Oui... Vois-tu où je veux en venir? - Jamais il ne te prêtera ses pouvoirs... Il m'est fidèle jusqu'à la mort, et même après. - Oh, mais je n'ai nul besoin de son son consentement. Ses pouvoirs seront nôtres de toute façon. - Pas si j'en finis avec toi maintenant! Avec force, le général lance son épée en direction de l'Ange suprême. Elle fait bien mouche, mais aucune réaction de la part de Gabriel. Ce dernier se met même à rire et se lève de son trône, passant à travers l'arme de Reinhardt comme un fantôme à travers un mur. - Tu n'imaginais tout de même pas que j'allais me déplacer en personne? Pour qui me prends-tu donc? Je suis Gabriel, l'être le plus important après Dieu! Je ne me déplace pas pour un simple mortel dans ton genre... - Ce n'est pas fini Gabriel. Un jour je te tuerai, et plus personne ne me traitera de simple mortel! - C'est cela... Continue à croire en tes rêves, la désillusion est si caractéristique des humains... Dans cri de rage, Reinhardt brûle la salle en quelques instants, pendant que le rire de Gabriel s'estompe peu à peu dans les flammes... Les trois lieutenants arrivent alors, et ne comprennent pas trop la situation. - Un problème général? - Nous n'avons plus rien à faire ici. - Pourquoi? Que se passe-t-il? - Nous avons perdu, voilà ce qui se passe... < Retour au Sommaire - Vers l'Episode 2>

Requiemverse & Requiem Comics ©Shala depuis 2007 / Webdesign ©yannickofneo