Requiem
Chapitre XI ... Par Shala


- Steeeeeeeve!!!!!!
Rien, aucune réponse. Elle a beau crier son nom, rien y fait, les parois de la trappe sont bien trop épaisses. Quel plan tordu a encore prévu Krashner, que compte-t-il faire maintenant que son garde du corps est mort, un tas de questions qui lui trottent dans la tête et auxquelles elle n'a pas de réponse. Mais peu importe, Steve est là maintenant, et elle a pleine confiance en lui. Elle a vu à quel point il est fort, déterminé et sans peur; et ça la rassure. Elle se dit que Krashner peut commencer à trembler, car celui qui va causer sa perte est arrrivé. Ce sont ce genre de pensées qui l'aident à ne pas craquer dans l'obscurité de cette trappe glauque et humide.
Soudainement plusieures ampoules s'allument, elles sont faiblardes, c'est à peine si elles éclairent suffisamment les lieux. Maintenant qu'elle y voit un peu plus clair, Catarina constate qu'elle n'est pas dans une simple trappe, elle se trouve dans une pièce étroite, à peu près deux mètres sur deux, dont la plate forme sur laquelle son fauteuil repose sert en fait simplement de monte-charge. La mini-porte en face d'elle s'ouvre, Nestor fait son entrée, une arme à la main.
- Je vais à présent défaire vos liens. Comme vous avez pu le remarquer, crier ne sert absolument à rien; quant à tenter de vous échapper une fois vos liens défaits, croyez moi si je vous dit que c'est une très mauvaise idée...
Il commence alors par défaire ses jambes, en se mettant hors de portée d'un éventuel coup de pied. Il passe ensuite derrière elle et détache ses poignets, puis enfin la grosse ceinture en cuir, dernier lien qui la retient attachéé au fauteuil. Directement après Il fait entendre le clic de son arme, indiquant que celle-ci est chargée et prête à l'emploi. Catarina se fixe et lève lentement les mains.
- Baissez les bras je vous prie, pas de ça entre nous. Avancez, je vais vous guider à travers les couloirs.
La captive s'exécute et sort de la pièce. Une fois dehors elle se retrouve dans un couloir encore plus étroit que la pièce précédente, il ne doit pas faire plus d'un mètre de large et deux mètres de haut. Il y fait toujours aussi humide et la lumière n'y est pas plus vive que dans le monte-charge. Ses pensées sont interrompues par le canon de l'arme de Nestor dans son dos.
- Vous comptez rester là longtemps? Je vous ai demandé d'avancer. Nous sommes attendus ailleurs et il vaudrait mieux ne pas être en retard.
- Ca va, ça va, j'ai compris, pas la peine de pousser, j'avance.
Les couloirs à franchir sont nombreux et se ressemblent tous. Cat comprend maintenant pourquoi Nestor lui a conseillé de ne pas tenter de s'enfuir, elle se serait surement perdue rapidement dans ce labyrinthe souterrain. Au bout de quelques minutes, elle commence à en avoir marre des "à gauche, à droite, tout droit" de Nestor, et décide d'engager la conversation.
- Pourquoi travaillez-vous pour ce pourri de Krashner?
- Je ne pense pas que vous puissiez comprendre, laissez tomber.
- Vous semblez sacrifier toute votre vie à son service, c'est pas un peu exagéré?
- C'est la moindre des choses que je puisse faire.
- Expliquez-vous.
- Ca suffit. Taisez-vous et avancez.
- On a quand même rien d'autre à faire avant d'arriver non? Franchement je préfère la parlotte au silence morbide de ces couloirs puants.
- Très bien mademoiselle piplette. Vous voulez savoir, vous allez savoir. Vous savez, la guerre, ça vous change un homme. Surtout quand celui-ci était chez les SS. J'ai tué et vu mourir tellement de personnes que ça n'a fini par me faire plus aucun effet. Le pire c'est que je ne m'étais pas engagé pour la gloire de mon furher, je m'étais juste engagé pour fuir ma famille. C'était le seul échappatoire qui m'a semblé logique à l'époque. Enfin soit, une fois la guerre perdue, j'avais le choix entre fuir encore une fois ou me rendre. Je vous laisse deviner l'option que j'ai choisie. Evidemment j'avais encore une fois fait le mauvais choix, et je fus vite repéré. Je me souviendrais toujours de ce jour là, j'étais à quelques centaines de mètres du port, en train de courir en plein milieu d'une rue éclairée par la lune. Ils étaient derrière moi, trois soldats américains dans leur Jeep, en train de me chasser comme du vulgaire gibier. J'ai emprunté une ruelle pour les fuir, mais manque de chance, c'était un cul de sac. Ils sont arrives en rigolant tous les trois, fusil à la main. J'avais réussi à abbatre un de leur camarade quelques minutes plus tôt, et leur sourire m'assurait qu'ils comptaient me le faire payer. Un premier tira dans ma jambe droite, un autre dans ma jambe gauche. Je rampais vers le mur, complètement désespéré. Je savais que ma dernière heure était arrivé, du moins je le pensais. Car au moment où le troisième soldat posa son fusil sur ma tempe, j'ai fermé les yeux attendant cette balle qui pour finir n'est jamais venue. je n'osais pas ouvrir mes yeux, mais j'entendais très clairement que quelque chose n'allait pas. Avez-vous déjà entendu le bruit de la chair qui se déchire? Moi je l'ai entendu pour la première fois ce jour-là. En ouvrant les yeux j'ai vu les deux soldats qui m'ont plombé morts, un avait la tête en moins et l'autre avait la jugulaire qui faisait jaillir le sang tel une fontaine. Quant au dernier soldat, il se tenait debout devant moi, le regard vide et la poitrine transpercée par le bras de son agresseur. C'est alors qu'il jeta le cadavre de sa victime et me fixa de ses yeux rouges sang en lechant son bras ensanglanté. Curiseusement ma peur s'était envolée, j'étais rassuré par la présence de cet homme. C'est à ce moment là que j'ai su que le restant de ma vie allait être consacré à Viktor Von Krashner, l'homme qui me sauva la vie ce jour-là.

Cat reste sans voix jusqu'à leur arrivée dans une salle qu'elle a déjà vue auparavant. Il s'agit de la pièce où elle a vu le corps de Steve la veille. Nestor lui indique un siège et lui demande de s'assoir.
- C'est... C'est incensé! se dit Catarina
- De se retrouver dans cette pièce? pas du tout. A vrai dire ces couloirs souterrains donnent accès à quasi toutes les pièces du rez-de-chaussée.
- Ce n'est pas de ça que je parle. Comment Krashner a-t-il pu vous sauver la vie en 45 alors qu'il a l'air au moins vingt ans moins âgé que vous?
- Vous avez un petit ami qui peut se téléporter comme par magie et revenir d'entre les morts; et le fait qu'une personne puisse être immortelle vous semble impossible? Je vous pensais plus intelligente...
- ...
- Soit, vu que nous sommes en avance, il ne nous reste plus qu'à attendre.
Et Nestor prend place sur un siège tout en gardant Catarina en joue.


- Catarinaaaaa!!!!!
C'est trop tard, la trappe s'est refermée. Il tente de la rouvrir mais rien y fait, il n'a aucune prise. Il tente de briser la dalle mais elle est bien trop épaisse, encore un peu et c'est son poing qu'il brise. Il se lève et s'apprête alors à risquer la téléportation à l'intérieur de la trappe. Mais il est interrompu par un rire, un rire qui provoque un frisson parcourant tout son dos. Pas de doute possible, c'est bien lui. Celui qui est la cause de tout, le commanditaire de toute cette sinistre histoire, Viktor Von Krashner.
- Ils m'ont dit que tu étais unique, ces fous ignorent à quel point ils ont raison...
- Tu te montres enfin, Krashner. Ca tombe bien, manquait plus que toi à mon tableau de chasse, vieux fossile.
- Alors comme ça toi aussi tu es amateur de chasse, voilà qui est interessant.
- Qu'as-tu fait de Catarina salopard?
- Pas la peine d'être vulgaire jeune homme. Ton amie ne risque rien, du moins pour le moment.
- Pour le moment? Comment ça pour le moment?
- C'est très simple, sa santé va dépendre de tes réactions.
Sans crier garre, Requiem courre vers Krashner prêt à lui envoyer son poing dans la figure. Mais dans un mouvement simple et rapide ce dernier évite le coup et fait même trébucher notre héros.
- Et bien alors, tu n'écoutes pas ce que je te dis? Ce genre de réaction pourrait être dangereux pour cette chère Catarina.
- Si il lui arrive quoi que ce soit...
- Oui je sais, tu me le fera regretter, exceteri excetera. Si tu ouvrais un peu tes oreilles au lieu de jouer au gros bourrin de base.
- Très bien, continue.
- Bien. Comme je le disais, c'est très simple. Nous allons jouer à un jeu tous les deux. Joue correctement au jeu et il n'arrivera rien à ta chère et tendre.
- C'est quoi ton jeu?
- Une chasse à l'homme.
- Tu te fous de moi?
- Pas du tout. Je fais le chasseur, tu fais le chassé bien entendu.
- Ca te plait de jouer au sadique hein?
- Absolument. dit-il avec sourire
- Le terrain de jeu?
- Les couloirs du manoir. Tu commenceras par emprunter cette porte, ensuite tu n'auras pas d'autre choix que de suivre le chemin. Chemin qui te mènera à ta belle, si tu reste en vie jusqu'à la fin bien entendu.
- C'est d'accord. Quant à rester en vie jusqu'à la fin, ne t'en fais pas pour ça. A mon avis tu risque même d'être surpris.
- Parfait. Attention toute fois, il n'y a que moi qui chasse, si tu tentes de m'attaquer tu peux dire au revoir à Catarina.
- J'avais compris je suis pas idiot. Bon alors on commence quand?
Viktor esquisse un sourire, saisit son arbalète et tire dans l'épaule de Requiem qui ne voit pas le carreau venir.
- Maintenant!
Le jeune héros emprunte rapidement la porte indiquée par Krashner et traverse le premier couloir en courant. Il se maudait lui même de ne pas avoir prévu le coup et tente tant bien que mal de retirer la flèche qui traverse son épaule de part en part. Après quelques secondes il y arrive, non sans douleur. Mais grâce à ses pouvoirs la plaie commence déjà à se refermer. Il jette un rapide coup d'oeil derrière lui, pas de signe de Krashner. Le sifflement d'un autre carreau tiré vient titiller son oreille, la flèche passe à deux centimètres de son visage pour se planter dans le mur.
- La régénération rapide, un pouvoir bien pratique n'est-il pas? dit Viktor en riant
Il ne l'a encore une fois pas vu venir. Krashner semble utiliser des passages secrets entre les différents couloirs, lui permettant d'avoir de l'avance sur notre héros. Requiem n'a pas le temps de réfléchir à une parade, il doit franchir ces couloirs le plus vite possible, car il n'a aucune garantie que Krashner dit vrai à propos de Cat. Il se téléporte d'un bout de couloir à l'autre pour gagner du temps, sa technique fonctionne pendant un moment, mais il se fait stopper net au bout du quatrième couloir par une flèche qu'il évite de justesse en rentrant dans l'ombre du mur. Il réapparaît par une autre ombre quelques mètres plus loin et fixe un Krashner admiratif devant les pouvoirs du jeune héros.
- Tu n'as pas dit que je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs je me trompe?
- En effet je n'ai rien dit à ce sujet. C'est beaucoup plus amusant comme ça.
Viktor retire un carreau qui manque sa cible. Requiem continue sa course, toujours en se téléportant de bout en bout de couloir. Cette fois-ci il se fait prendre de vitesse et n'a pas le temps d'éviter, il reçoit une flèche dans le bras. Notre héros a du mal à comprendre comment son adversaire fait, car même avec des accès cachés il semble difficile de le prendre de vitesse. Pas le temps de jouer la chochotte, il enlève la flèche d'un coup sec en criant un bon coup, puis laisse la plaie se refermer. Il se remet à courir, en se demandant quand ces longs couloirs vont se terminer. Encore une fois trop distrait, il se laisse surprendre par un carreau, dans le molet cette fois. Il trébuche dans un râle de douleur, puis tente immédiatement de retirer la flèche. Mais il en reçoit une autre dans la main, puis encore une autre dans la cuisse quelques secondes après et une dernière qui vient se loger dans son pied. Requiem ne bouge plus, il se doute qu'une nouvelle tentative de sa part amènerait automatiquement un autre carreau.
- Comme c'est dommage, tu étais presque arrivé, c'était la dernière porte à franchir.
Viktor saisit alors notre héros par le cou et le traîne jusqu'à la salle suivante.

Catarina n'en peut plus d'attendre, elle bouge nerveusement sa jambe et fait claquer ses ongles sur le bord de son siège. Nestor lui reste imperturbable et attend patiemment l'entrée de Lord Krashner. Justement celui-ci franchit la porte et balance Requiem blessé au milieu de la pièce. Catarina se précipite aux côtés de ce dernier.
- Steve! Oh bon sang qu'est ce qu'il t'a fait!
- Ca va....J'ai... J'ai connu pire. Re... Retire-moi ces flèches.
- Quoi?
- Retire-les j'te dis.
- Oui très chère, retirez-lui donc ces flèches, ça évitera à Nestor de le faire.
Cat hésite un instant, puis pose sa main sur la flèche logée dans la cuisse de Requiem.
- Tire d'un coup sec, n'aie pas peur.
- Mais je risque de te faire mal!
- Puisque c'est toi qui le fais je n'aurai pas mal, vas-y.
Catarina lui sourit puis tire la flèche d'un coup, Steve quant à lui bronche à peine.
- Tu vois, allez continue.
Elle lui retire alors les autres flèches de la même manière, et regarde les plaies se refermer. Elle le prend ensuite dans ses bras et lui souffle à l'oreille:
- Fais-le payer...
- J'y compte bien.
Requiem se relève et se tourne vers Krashner, plus déterminé que jamais.
- Tu t'es bien amusé, maintenant c'est à mon tour de jouer!
- Tu es donc si pressé? Et moi qui pensais que tu aurais aimé voir ton corps avant de commencer...
Nestor appuie sur le bouton laissant apparaître le corps congelé de Steve. Requiem le regarde un instant puis replonge son regard en direction de Krashner.
- Voilà qui est fait, maintenant il est temps de mourir vieux fossile!
Notre héros saute alors en direction de Viktor qui tend la main en l'air.
- Valentine!
Une épée posée sur son socle s'entoure alors d'une aura violette et vient se jetter comme par magie dans la main de Krashner. Il lascère Requiem d'un coup dans la poitrine puis au deuxième coup, l'épée se divise en plusieures parties reliées par un cable, transformant celle-ci en fouet meurtrier. Notre jeune héros prend plusieures coups qui l'entaillent sévèrement et fini par s'écrouler. Au moment où il se relève l'épée-serpent vient s'enrouler autour de son cou, il commence à avoir du mal à respirer.
- Alors? Tu t'amuses autant que moi j'espère? Malheureusement il commence à se faire tard, et je vais devoir couper court à notre petit jeu.
- Pas... Pas question!
- Si malheureusement. Nous allons devoir nous quitter, à une prochaine fois peut être!
- Naaaaaaan!!!!
Et Viktor tire un coup sec sur le manche de son épée, tranchant la tête de Requiem et le faisant disparaître lentement dans une lumière rougeâtre.
Catarina reste sans voix, tombe à genoux et laisse couler une larme, tandis que Krashner remet son épée sur son socle en riant.



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